Pour la commune d’Ambérieux d’Azergues (commune de 500 habitants), il s’agissait de valoriser le patrimoine et les équipements tels que la mairie et l’église, de créer une nouvelle place de village, de réaménager les voies afin d’apaiser les vitesses, de reconstruire un four à pain pour la fête annuelle de la galette.

Le projet répond avec justesse et sobriété en posant des principes : Création d’une halle couverte abritant le four à pain sur la nouvelle place, déplacement de la fontaine confirmant la centralité du lieu, récupération sur le site d’un maximum de matériaux (pierre, charpente, sculpture); affirmation de l’identité du lieu par une structuration des espaces tout en gardant une flexibilité d’usages au quotidien et lors des manifestations.

Matériaux de récupération valorisés.  La décision du conseil municipal de démolir la ferme «Fantin» est le déclencheur du réaménagement du village. Comment utiliser la démolition d’une bâtisse comme vecteur de renaissance du village ? Cela a été le fils conducteur du projet mené avec Cap Vert ingénierie de la phase esquisse à la phase chantier.

Suite à la démolition de la ferme, le projet s’est adapté en redimensionnant la nouvelle halle en fonction de la charpente existante, les moellons de pierres, les jambages et les pierres de tailles ont été triées et stockées afin de réaliser les murs, les murets.

Ainsi le recyclage de l’ensemble des matériaux nobles issus de la démolition de l’ancienne grange a permis de restructurer les espaces du bourg par des murets, de donner un fond de place à l’échelle du bourg par l’implantation de la halle et de redonner du même coup ses lettres de noblesse à ce village de plaine. Dans cet esprit de matériaux brut, le mobilier a été choisi valorisant la première transformation du bois (bancs en poutre de chêne et potelets amovibles en chêne). L’aménagement du village apporte un service (ombrage, bancs), une convivialité et une valorisation du patrimoine.

Des espaces publics fédérateurs. Au-delà du programme, le véritable enjeu était celui d’un bourg animé et vivant grâce à l’aménagement d’espaces publics fédérateurs. Bien que petite, la commune possède un dynamisme propre avec de nombreuse associations et des fêtes annuelles emblématiques. Pour sa fête de la galette, la municipalité a souhaité la création d’un four à pain sur la nouvelle place. La réponse a été d’une part, la création de la halle couverte abritant le four et une buvette mais également la démolition et reconstruction d’un ancien four (récupération sur le site) La volonté de créer une place conviviale et fédératrice qui serait « la place du village » a été ainsi comblée. La halle proposée par Urban Studio sur la nouvelle place permet de développer l’animation du bourg. Aujourd’hui les fêtes de village mais aussi des fêtes familiales s’y déroulent. Il s’agit d’un vrai lieu festif autour de la fontaine (ancienne pompe à eau déplacée), du four à pain (démoli et reconstruit sous la halle) et de la buvette proposée dans le projet.

Structurer l’espace. La cohésion spatiale du village, constituée d’un tissu bâti lâche typique des villages de plaine locaux, a été fragilisée par la démolition de la grange « Fantin » en face de l’église. Cette dernière permettait de « tenir » un des rares croisements serrés propre aux villages ruraux, une fois démolie, elle a laissé la place à une dent creuse éventrant le bourg. Afin de palier au flottement des espaces, la halle construite dans le projet cadre le fond de place et un jeu de murets vient structurer le site, permettant de donner une cohésion à l’ensemble du bourg. La structuration des espaces est complétée par l’alignement d’arbres (sophora japonica et Koelreuteria paniculata) et de cépées (prunus subhirtella autumnalis le long de l’église, prunus sargentii rancho et amélanchier sur le parking paysager) renforçant la lisibilité des espaces.

Aujourd’hui les murets servent d’assise lors des manifestations, intégrées désormais au paysage du village.

Une église révélée au site. La valorisation de l’église et de son pourtour est passée par l’abatage des arbres de grands développant occultant ses façades. L’église d’Ambérieux d’Azergues du XVIII° siècle est d’une architecture intéressante par sa sobriété. Le projet permet d’assoir le monument dans son site : traitement végétal du pied de l’édifice (Prunus laurocerasus, Hébé et gaura), accompagnement du pourtour par un cheminement dégageant l’église (stabilisé et pavés calcaire 8X8), plantation ponctuelle de cépée à mi-ombre (parrotia) ou au sud soleil (cornus florida) afin de créer des événements verticaux sur les façades Est, Sud et Nord, traitement d’une bande de seuil en dalle calcaire de 50 cm, utilisation d’une pose en tresse des pavés afin de créer un motif en résonance avec la façade, mise en place d’un tapis en pelouse et crocus soulignant la tranquillité du lieu.

Un esprit « rue de village ».  L’espace de la rue est ici conçu dans un esprit villageois avec la mise en place d’un caniveau central et de bandes latérales en pavés à niveau avec la chaussée. Les voies sont un espace partagé entre le piéton et la voiture (dans un esprit «zone 30») permettant une flexibilité d’usage et de fonctionnement, notamment pour les manifestations, mais aussi pour les engins agricoles au quotidien. Les espaces de stationnement ont été restructurés et paysagés. Le seul trottoir dans le prolongement du parvis de la mairie est destiné à l’arrêt de car conservé au centre du village (quai à 21cm).

C’est un projet qui a eu le meilleur compliment que l’on puisse faire, celui d’un riverain assis sur un muret : « c’est comme si l’aménagement avait toujours existé».

Dans ce bourg où l’enrobé était présent de façade à façade, où une dynamique de village existait sans avoir de place conviviale en cœur de village, c’est une réelle métamorphose qui s’est opérée. Le projet fédère d’autant plus le village que ce dernier est valorisé. Là où rien ne s’était fait depuis 40 ans, l’aménagement, sa démarche de récupération des matériaux issus de démolition et sa qualité ont fait l’unanimité.

Prix de l’Aménagement Urbain et paysager – Lauréat « Petites villes et territoires ruraux » – Le moniteur 2012